lundi 18 septembre 2017

Mémoires et radotages (133) – Une baguette pas cuite s’il vous plaît !



Écrit le dimanche 17 septembre.

Sur le coup de midi et demi, je vais à la boulangerie en ce dimanche, pour acheter une baguette. La queue est parallèle au présentoir de pâtisserie. Je prends ma place… Devant moi, plusieurs femmes, dont une, la cinquantaine environ, la plus éloignée de moi, face à la caisse, regarde dans ma direction… Supposant qu’elle cherche des yeux un gâteau particulier afin de compléter sa commande, je m’écarte du présentoir et me tourne vers celui-ci, afin d’éviter le regard de la dame, qui me semble inquisiteur… Les autres gonzesses se sont écartées elles aussi, semblant indiquer qu’elles sont dans le même groupe… Peut-être me parle-t-on, mais, sourd, je n’y prête guère attention… Une des serveuses que je connais bien me demande combien de baguettes je voulais. Je réponds, tout en pensant que les bonnes femmes qui me précèdent, sont donc, comme je l’avais supposé, accompagnatrices de celle de tête qui s’était tournée vers moi. D'ailleurs je sens toujours des regards. J'attendais ma baguette ‘pas cuite’, quand soudain la curieuse me fait sursauter en me parlant, car elle avait parcouru les trois mètres qui nous séparaient : « Vous ne seriez pas un ancien militaire ? ».

Je la regarde ainsi que ses copines toutes tournées vers moi… C’est quoi, me disais-je, un dîner de cons ? J’en ai plein le cul, encore mon habillement qui a frappé ! Et puis les interrogatoires de police, ça suffit ! Les gens de mon âge ont tous plus ou moins été militaires, ce n'est pas pour ça qu'il faut nous faire chier… Mais au lieu de répondre cela, je lui lance tout de go : « Moi, je ne vous ai rien demandé ! ». Elle est retournée à sa place en maugréant très fort avec ses copines, mais ma surdité m’a privé de la teneur de leurs propos surement pas amènes à mon égard. J'ai vaguemnt entendu 'Quel culot', 'Pour qui il se prend"... Pendant ce temps, je prenais ma baguette tendue par la serveuse, je payais par-dessus le présentoir et prononçais mon fameux « M’sieurs dames »… Comprenant que l’émoi était encore à son comble, d'après le brouhaha qui régnait parmi le troupeau de meufs, je rajoutais cependant à haute voix : « Qu’est ce que c’est mal fréquenté aujourd’hui ! »

C’est bête, peut-être que j’ai loupé une discussion avec une femme et peut être une invitatio et voire même une coucherie et peut-être même une vraie partouze, qui m’aurait fait passer une après-midi excellente d’un point de vue sensuel, va savoir ?

Plus sérieusement, il m’étonnerait fort que j’accepte un jour, une relation avec une rombière qui me parle sur un ton inconvenable et dont les exigences n'ont d’égal que la curiosité !

Qu’elle et ses copines aillent se faire foutre… mais ailleurs ! Je ne vais pas leur raconter ma vie dans une boulangerie-pâtisserie, non mais ! Le dîner de cons… c’est traumatisant et je crois que j’ai déjà donné… Et même si ç’avait été un déjeuner de foutre… Très peu pour moi, ça ne m’intéresse plus ! Et puis quant à elles "pour qui elles se prennent", ces connasses ?

..........

Écrit le mardi 19 septembre.

Je traverse le marché à pieds, pareillement habillé que dimanche, pour aller acheter ma baguette pas cuite. Il y a un mec qui s'arrête et me détaille de la tête aux pieds avec une moue bizarre. Je le regarde : Il a un chapeau avec une sorte d'étoile de Shérif et surtout une grande plume de je ne sais quoi, glissée dans le galon...

Je m'immobilise devant lui et lui dis : " Qu'est-ce qui te déranges ? Toi, il ne te manque qu'une plume dans l'cul ! ".

Décidément !

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